Interpretation | La signification particulière de ïa se trouve précisée par le texte lui-même : « Voici son interprétation : iota, parce que le Tout à émané (ⲱⲧⲁ ϫⲉ ⲁ ⲡⲧⲏⲣϥ ⲉⲓ’ ⲉⲃⲟⲗ); alpha, parce que il retournera à nouveau (ⲁⲗⲫⲁ ϫⲉ ⲥⲉⲛⲁⲕⲧⲟⲟⲩ ⲉϩⲟⲩⲛ); oméga (long), parce que se produira l’achèvement de tous les achèvements (ⲱ’ⲱ’ ϫⲉ ϥⲛⲁϣⲱⲡⲉ ⲛϭⲓ ⲡϫⲱⲕ ⲛⲛϫⲱⲕ ⲧⲏⲣⲟⲩ) ». (PS, IV, 136, 353, 22-25).
Les auteurs du traité semblent faire une interprétation philosophique des énoncés en les modifiant afin de trouver des correspondances dans les verbes coptes. Tel est le cas de l’oméga longue ou double qui fait partie de l’interprétation de ⲁⲱ. Le longue ou double oméga dans le texte (ⲱ’ⲱ’) évoque le verbe copte ⲱⲱ (= concevoir, engendrer), à partir duquel on déduit l’idée de produire ou donner naissance (ϣⲱⲡⲉ) au dernier « accomplissement (ⲡϫⲱⲕ ⲛⲛϫⲱⲕ ⲧⲏⲣⲟⲩ) ». De plus, cette interprétation de ϊⲁⲱ suggère l’hypothèse d’un certain lien avec la manière dont sont décrits les trois moments de la genèse du Deuxième principe (l’Intellect) dans les Traités 10 (V, 1), 7 ; 11 (V, 2), 1 et 38 (VI, 7), 16, de Plotin, en particulier avec la description donnée de l’Intellect, de la génération et de l’ordre des réalités qui viennent après le Premier dans le Traité 11 (V, 2), où il est posé que la réalité engendrée par l’Un se retourne vers lui et est fécondée et, tournant son regard vers lui pour le contempler, elle devient de cette manière être et Intellect.
Nous soulignons aussi quelques proximités entre la Pistis Sophia et le Traité 11 (V, 2) de Plotin : la construction copte ⲡⲧⲏⲣϥ ⲉⲓ’ ⲉⲃⲟⲗ traduite par « le tout a émané », les termes ⲥⲉⲛⲁⲕⲧⲟⲟⲩ ⲉϩⲟⲩⲛ (ils retourneront à l’intérieur) et le verbe copte substantivé ϫⲱⲕ qui a aussi le sens de fin et de Plénitude. |